Il y a un an, Antoine Albeau faisait officiellement ses adieux au circuit mondial de windsurf, après trente années passées au plus haut niveau. Vous avez bien lu : la carrière du véliplanchiste français a duré trois décennies, et il a attendu l’âge de 50 ans pour s’arrêter, alors qu’il avait toujours le niveau pour se battre avec les meilleurs, souvent deux fois plus jeunes que lui.

C’est le crépuscule de cette carrière hors du commun que documente le film d’Alexandra Montfort et Guillaume Couret, tourné sur trois années. On y suit Antoine Albeau dans son quotidien, celui d’un sportif d’exception, mais qui vit dans un relatif anonymat, loin des stars du sport français.

Comme le windsurf a toujours souffert d’un gros déficit de notoriété auprès des médias et du public – programmer une diffusion à la télévision est impossible en raison de l’imprévisibilité du vent –, Antoine Albeau a toujours dû s’occuper de tout avec sa compagne et ses parents – longuement interviewés dans le documentaire –, de l’entrainement au matériel en passant par la recherche de quelques sponsors pour boucler difficilement son budget.

L’été, il gère même l’école de voile familiale héritée de ses parents à l’île de Ré. Evidemment, Antoine Albeau a été initié très jeune à la planche à voile par son père – qui le pousse énormément –, à une époque où ce sport était encore naissant. Dès ses 14 ans, il commence à remporter des titres, mais son gabarit ne l’autorise pas à concourir dans les catégories olympiques.

Il se tourne donc vers le funboard, discipline ultra spectaculaire d’ailleurs mise en valeur dans le film avec des images à couper le souffle, notamment celles de ses records du monde de vitesse, où il flirte avec les 100 km/h en volant littéralement au-dessus de l’eau.

On comprend vite que cette adrénaline est addictive mais aussi un peu dangereuse, et qu’Antoine Albeau doit aujourd’hui penser à sa compagne et ses deux enfants, qui l’accompagnent dans la mesure du possible sur ses compétitions. Mais les contraintes de l’entraînement et du calendrier sont difficilement compatibles avec une vie de famille épanouie, et cela explique bien sûr son choix de la retraite, une décision difficile sur laquelle il s’exprime largement dans le documentaire.

Mais le film suit également ses derniers défis, dont celui de devenir une dernière fois champion du monde, ou encore de battre le record du monde de vitesse à la voile, évidemment détenu par un bateau, embarcation beaucoup plus adaptée qu’une planche à voile pour y parvenir. Mais comme le dit un des nombreux véliplanchistes interrogés dans le documentaire : rien n’est impossible pour Antoine Albeau.

Véritable bourreau de travail, sa personnalité discrète a sans doute été un handicap pour obtenir plus de reconnaissance de la part du grand public. Et même s’il aurait bien aimé pouvoir bénéficier des réseaux sociaux pendant les années 1990 et 2000, il ne regrette rien : il n’a jamais aimé jouer de son image. Il n’est donc pas seulement une légende du sport français, mais aussi un champion d’un autre temps.

Film “Antoine Albeau, la légende”, une Création Documentaire CANAL+ Docs, disponible avec CANAL+.